Le cas Réné Souchu, bourreau de Machecoul ?
« Le peuple du Pays de Retz déclare qu’il ne reconnaît et ne reconnaîtra jamais que le Roy de France pour son seul et légitime souverain »
René SOUCHU, Mars 1793 à Machecoul
Un personnage détestable … et détesté
Il est de ces individus qui, lorsque l’occasion leur est donnée, se transforment littéralement en monstres. C’est le cas de René SOUCHU qui trouvera sans doute peu d’avocats pour prendre sa défense. Bien qu’il soit possible de lui trouver quelques circonstances atténuantes liées à la période, la folie meurtrière qui semble s’être emparée de lui est étourdissante.
SOUCHU, que rien ne semblait prédestiner au commandement, créa à Machecoul le Comité Royal,. Plus tard, il ordonna l’établissement d’un tribunal royaliste, qui n’avait de tribunal que le nom. La sentence prononcée était systématiquement l’exécution. Indistinctement, SOUCHU ordonnait l’application de la peine capitale pour des hommes ou de femmes, des commerçants ou des hommes de loi, des fonctionnaires et mêmes des curés assermentés auxquels il n’était rien pardonné par les blancs.
Dans ses « Mémoires sur la guerre de Vendée (1793-1796) », Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, qui fut l’un des chefs Vendéens rallié à Charette, nous livre le récit suivant sur la « méthode Souchu » :
« Les condamnées étaient liés deux par deux puis conduits sur le bord d’une douve dans la cour du château; après quelques coups de fusil qui ne blessaient qu’un petit nombre, les autres entrainés par leur chute étaient percés à coups de pique et souvent à demi-morts précipités dans la douve »
En quelques jours, 180 prisonniers, civils pour la plupart qui trouvèrent la mort sur les ordres de René SOUCHU.
Bien entendu, les exactions et les atrocités commises avant ces évènements par les Conventionnels, et bien plus en encore après, sont tout aussi inexcusables. J’y reviendrai dans un prochain article spécifiquement consacré aux massacres commis par les Bleus en Pays de Retz.
René François SOUCHU, intendant du Château de BRIORD
Né le 25 Novembre 1972 à Chateau-Renault dans le Maine et Loire au sein d’une famille de petits commerçants et de neuf enfants, René SOUCHU évolue dans sa région natale sans s’y faire remarquer particulièrement. A 18 ans, il semble avoir développé des compétences pour le droit et se retrouve receveur de la ville de Tours. Son statut de fonctionnaire municipal entre 1770 et 1775 ne le prédispose pas à une activité ultérieure de tortionnaire implacable.
En 1779, René SOUCHU, après un court passage par Nantes, est recruté par Joseph Charette de BRIORD au poste d’intendant du domaine éponyme.
La châtellenie de Briord est, à cette époque prérévolutionnaire, un domaine toujours doté du droit de haute justice et exerce a ce titre, outre une importance économique majeure dans le bourg de Port-Saint-Père, un rôle prépondérant dans le domaine judiciaire en Pays de Retz.
Est-ce à cette occasion que René SOUCHU se découvrit une âme de leader autoritaire bien renforcée par une fourberie de haut niveau ?
Ce point demeure mystérieux. Jean-François CARRAES, dans son remarquable ouvrage sur l’histoire de Port-Saint-Père, « C’était la clé de tout le pays de Retz » a réalisé une étude remarquable et très détaillée sur la personne de René SOUCHU. Il y décrit l’étonnante évolution professionnelle de SOUCHU auprès du vieux seigneur féodal qu’était Charette de Briord. Il finira par devenir notaire, greffier et enfin procureur fiscal de la seigneurie.
Nous pensons avoir identifié, sur le domaine de Briord, le lieu qu’occupait René SOUCHU en guise de logement et bureau d’intendant. Il s’agirait de bâtiments communs, aujourd’hui disparus, situés dans l’avant cour, face à l’aile ouest du château. Il y aurait entreposé son étonnante collection de coquillages et objets de sciences naturelles !
Habile et opportuniste, René Souchu, une fois la révolution Française venue, devient chef du bureau du district de Port-Saint-Père, membre de la garde Nationale et de la société des amis de la Constitution de Nantes.
Toutefois, en dépit des doutes formulés sur son caractère, il faut lui reconnaitre une forme de fidélité sincère, en particulier envers Joseph Charrette de Briord et le Roi. Ainsi, abandonnera t-il, moins de deux ans plus tard, ses fonctions pour rejoindre la cause Vendéene. Dès 1791, Joseph Charette, dont les Républicains se méfient, fait l’objet de poursuites. Les perquisitions conduites au Château de Briord dévoileront des armes et des munitions qui lui vaudront ses premiers ennuis judiciaires. L’emprisonnement de Charette de Briord fin 1792, l’exécution du roi Louis XVI en Janvier 1793, et bien entendu la persécution des prêtres réfractaires sont autant d’éléments qui conduiront René-François SOUCHU vers la radicalité qu’on lui connait dès le début de la révolte Vendéenne.
Une fin sur l’affut d’un canon
Lors de la première grande contre-offensive Républicaine du Général Beysser qui mena à la reprise Machecoul par les bleus le 22 Avril 1793, SOUCHU fut capturé. Il semble qu’il n’ait pas tenté de s’échapper alors qu’il ne pouvait pas douter du sort qui lui serait réservé. On lui prête quelques dénonciations de dernières minutes, y compris celleS de chefs Vendéens pour sauver sa tête. Rien n’est démontré sur ce plan.
Alors traitre ou fidèle jusqu’au bout à ses excès et sa cause ? Toujours est-il que certains historiens relatent une fin rocambolesque : La tête tranchée de 2 coups de sabre sur l’affut d’un canon !
Le projet Terre de Briord
L’ambition du projet Terre de Briord s’appuie sur un triptyque fondamental :
RESTITUER – PROTEGER- PARTAGER
- Restituer en engageant un grand programme de restauration exclusivement fondé sur une période courant « de la révolution aux années folles »
- Protéger car au-delà des grands témoins bâtis du domaine comme son château, sa chapelle, son aumônerie ou encore son colombier, la Terre de Briord est également un environnement écologique et faunistique naturel exceptionnel situé entre Nantes et Pornic. Plus de 50 hectares d’une nature authentique faite de bois, prairies et terres agricoles ayant forgés l’histoire des lieux depuis presque 1 000 ans.
- Partager, enfin et surtout, car la finalité du projet Terre de Briord est de permettre au plus grand nombre de participer sous de multiples formes à un programme ambitieux de préservation du patrimoine historique régional.
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5 commentaires
Monsieur,
J’admire votre courage et vous félicite. Je fais des recherches sur la famille SAY et j’ai lu que Robert Say et Dominique Say ont été propriétaires du château de Briord. Auriez-vous des documents sur ces deux personnes et/ou des portraits d’eux. Ils sont inhumés au cimetière de Miséricorde à Nantes, je le connais bien car mon arrière rand-mère y repose.. Merci beaucoup pour votre aide.
G. Nicole de la Tour d’Auvergne
Grâce à la revue Histoire et Patrimoine, j’ai découvert votre projet.
Je serais très intéressé de visiter votre château et de vous faire part de tous mes encouragements.
Bien cordialement.
O.GORAND
Bonjour, M. Gorand,
Merci de votre intérêt, si vous souhaitez visiter, n’hésitez pas a vous inscrire pour les Grandes Visites gratuites.
C’est ici : Réservation Grandes Visites
Nous serons ravis de vous accueillir sur les Terres de Briord, et de vous faire découvrir notre Projet de restitution.
Belle Journée.
Bonjour
Je suis très sensible au XVIII ème siècle, français et plus particulièrement Nantais, habitant moi- même place du pilori à Nantes au 3, rue de Briord, je suis curieux de visiter votre château de Briord.
Peintre et architecte, je m’intéresse de près à l’architecture ancienne, ses tracés, les proportions et leurs vertus.
Bien à vous,
PY
Bonjour Yann, Merci de l’intérêt que vous portez au Projet Terre de Briord.
Nous vous accueillerons avec grand plaisir lors d’une de nos Grandes Visites gratuites.
C’est par ici : Réservation Grandes Visites
Au plaisir de vous rencontrer.